Témoignages
Du néant à la vie
La Parole qui a percé la carapace de mon cœur est la suivante : « Mon peuple m’a oublié depuis des jours sans nombre. » C’est vrai que j’accusais Dieu, lui disant : « Seigneur, tu m’as fait non pas pour moi, mais pour remplacer mon frère décédé. Mon vrai « moi », tu l’as oublié. Alors je ferai ma vie sans toi. » C’est ainsi que je vivais depuis une quarantaine d’années sans avoir pris conscience de toute la révolte qui m’habitait.
En lisant et priant une parole du prophète Jérémie « Je t’avais planté comme un cep de choix, comment t’es-tu changé pour moi en sauvageon ? », je découvrais et commençais à accepter la bonté du Seigneur pour moi et tout doucement, la colère a pu s’écouler, se déverser, se déposer… C’est alors qu’est venu résonner en moi : « Depuis des jours, des années sans nombre, moi le Seigneur, je ne t’ai jamais oublié. » Je me suis retrouvé « confondu » devant le Seigneur. Et lui est venu, avec beaucoup de douceur, me rendre souffle après souffle, vie après vie, cette vie que je n’avais pas acceptée ! Je me retrouvais, nouvelle créature devant son Créateur !
Dès le sein maternel
Depuis plusieurs années, une personne suivait trois séances de psychothérapie par semaine lorsque lors d’une retraite, il lui est proposé de prier le Ps 139. Le verset 5 lui ‘saute alors au visage’ : « derrière et devant tu m’enserres ». Elle devine au même moment l’origine de sa souffrance : sa mère, émigrée, avait dissimulé être enceinte afin de garder son travail. Une démarche de pardon, colonne vertébrale de la guérison, lui sera proposée et la libérera.
Pardonner guérit
Un arrêt de travail suite à des problèmes de santé a douloureusement changé ma vie. « Veux-tu guérir ? » (Jean 5,6) m’était-il demandé lors d’une retraite. Ayant demandé au Seigneur de me guérir, je pus observer progressivement une amélioration. Cependant, un an plus tard, revenant à une retraite, je commençai à ressentir à nouveau de violentes douleurs. Lors d’une eucharistie où je ne parvenais pas à prier, je senti une colère monter en moi et compris que : « Je n’acceptais pas cette maudite maladie. » Je tentais sans succès de remettre par moi-même ma colère au Seigneur. Les accompagnateurs m’avait donné à méditer la parabole de la brebis perdue, puis celle du bon Samaritain. Je percevais combien il m’était difficile d’abandonner ma colère. La peur de l’inconnu et mon manque de foi faisaient obstacle à l’amour de Dieu et à ce qu’il voulait pour moi, y compris vraisemblablement concernant ma santé. Un chemin se dessinait pourtant qui passait par un pardon à donner à un proche. Quand la grâce me fût donnée de pardonner, les crises disparurent, et le mal que je pouvais encore parfois ressentir ne m’entraînait plus dans la spirale de l’inquiétude.
C’est à la retraite suivante un nouvel accès important de douleur survint. C’était une épreuve : fuir la retraite ou rester en choisissant de faire confiance ? … je décidai de rester permettant de la sorte au Seigneur de venir éclairer d’autres points ‘en souffrance’ de mon existence.
Deux mois plus tard, souffrant à nouveau bien que plus légèrement, ma kiné me dit : « Ce n’est pas le traitement qui n’agit pas, c’est à l’intérieur que cela bloque, vous luttez contre quelque chose ». Une colère restait encore ‘cadenassée’ en moi. La moindre alerte de santé me faisait douter et, dans ma récrimination, la colère renaissait : « N’avais-je pas déjà pardonné ? Vraiment Seigneur, ce n’est pas juste. » Ce n’est que lorsque je pus déposer cela au Seigneur que le traitement a pu à nouveau me soulager.
Le Seigneur m’a patiemment éduquée : me plaindre et devenir victime m’enfermait dans la maladie. Les Paroles reçues sont un remède la peur. J’ai appris à vivre davantage au jour le jour et à « couper » les projections négatives échafaudées par mon imagination dès que quelque chose cloche, « Le Seigneur a levé les sentences qui pesaient contre toi » Sophonie3, 15. Bien sûr, le combat est toujours là mais le Seigneur, par sa parole, continue à m’éduquer à travers ce que je vis. Je le sais, à présent, mon Père m’aime.
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