Comment pardonner ?
Il est humainement difficile de pardonner. Cependant si « pour les hommes, c’est impossible, ce ne l’est pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. » (Mc 10, 27)
Dieu seul peut pardonner en nous. Il est capital que le pardon devienne par la foi pour nous un don de Dieu à recevoir plutôt qu’un devoir accablant à accomplir.
Le secret du pardon : connaître l’amour de Dieu pour soi
Dans la parabole du débiteur impitoyable (Mt 18, 21-35), la dette est annulée sur base de la miséricorde et non sur la promesse de la rembourser totalement. Bien que sa dette fût effacée par pure gratuité sans qu’il l’ait en quoi que ce soit mérité, le serviteur n’a pas vu la miséricorde, n’a pas découvert combien il était aimé, ni découvert le vrai visage du maître. Il a cru que le pardon lui était octroyé sur base de sa promesse de remboursement : "Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout."
Nous aussi nous croyons que Dieu nous aime sur base de ce que nous accomplissons. A chacune de nos erreurs, à chacun de nos échecs nous pensons perdre l’amour et nous nous le reprochons. Nous cherchons des excuses, nous tentons de nous justifier et redoublons d’efforts pour prouver notre valeur. Pensant manquer d’amour, nous l’attendons des autres, en réalité nous l’exigeons comme un dû, sans la moindre miséricorde. Ainsi liés aux autres, asservis à ce que nous pensons qu'ils noius doivent et qui nous échappe, nous nous torturons de récriminations et nous empoisonnons par l’amertume. Le refus de pardonner - c'est-àdire de laisser aller la dette - nous lie et nous pose un terrible fardeau sur les épaules.
L’homme de cette parabole n’avait pas compris que, insolvable, il avait besoin de miséricorde. N’ayant su accueillir la miséricorde, il n’en avait pas à partager.
Nous de même, nous ne pouvons donner ce que nous n’avons pas reçu. Lorsque Jésus apprend comment nous tourner vers le Père, il dit : " Pardonne-nous nos offenses comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ! " Lorsque nous demandons d'être pardonné, il convient d'être prêts à pardonner. Lorsque nous nous montrons prêt à nous engager sur ce chemin, nous bénéficions d’une libération, le fardeau est déchargé d notre épaule. C’est ainsi que le pardon est source de guérison. Certains omettent cette demande du Notre Père, incapables d’encore la formuler faute de confiance dans l’amour du Père.
Il ne peut y avoir de miséricorde en dehors de la vérité. Pour recevoir la grâce de pardonner, nous devons reconnaître notre impuissance, nos refus d’aimer et laisser le pardon du Père nous envahir. En accueillant le pardon pour nous-mêmes, nous commençons à déborder d’affection, d’humilité et de mansuétude. Nous aimons sincèrement Dieu et désirons lui ressembler en devenant miséricordieux à notre tour, comme lui, pour nos frères humains.
Des étapes vers le pardon
► Pouvoir s’ouvrir à quelqu’un qui puisse nous accueilir tels que nous sommes, sans nier notre souffrance, ni les sentiments divers qui nous habitent. Que cette oreille attentive puisse entendre l’injustice que nous ressentons sans favoriser l’apitoiement sur nous-mêmes. Il peut être facilitateur de parler directement à Jésus de notre colère, de notre blessure et de ses conséquences.
► Désirer pardonner en étant prêts à faire la part du chemin qui nous revient. Commencer par refuser de se faire justice : renoncer vouloir se venger, à la rancoeur, à l’amertume.
► Faire le deuil de la perte, la laisser aller, ne plus revendiquer ce qui a manqué, renoncer à la réparation du préjudice. Renoncer aux bénéfices secondaires : statut de victime, etc.
► Laisser aller l’offenseur. Commencer par le bénir et permettre que change notre regard sur lui. Plus qu’une personnification de la méchanceté, il est un pauvre que Dieu aime, une victime dont Dieu désire le salut. « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23,34). Bénir, consiste à vouloir son bien et demander au Père que s’accomplisse également pour cet offenseur : ne désire-t-i pas qu’aucun de ses enfants ne se perdent ?
► Demander la grâce de pardonner sans demander plus que nous ne sommes prêts à donner.
► Pardonner l'acte commis tout aussi bien que les conséquences lointaines pour soi.