(2) Signes habituels
Vision d’un tunnel obscur débouchant sur une lumière douce et bienveillante.
Décorporation : impression de sortie du corps.
- Sensation de flotter en dehors du corps, conviction d'être mort et cependant conscient mais dans un corps immatériel, parfois capable de déplacement instantané ;
- Autoscopie : et, dans certains cas, de l’apercevoir depuis un autre endroit.
- Faculté de voir à travers la matière.
- Le spiritisme y voit un « voyage astral ».
Défilé complet de sa propre existence en une relecture rapide et panoramique.
Rencontre de personnes décédées ou de créatures de lumière, qui donne l’impression d’être accueilli. « Je me suis aperçu de la présence de personnes que j'avais connues dans l’ici-bas. »
Sentiment d'amour infini, de paix et de tranquillité pouvant faire hésiter à ‘revenir’ en ce monde. Beaucoup en ressortent transformés, jetant un regard apaisé sur la vie et serein sur la mort. Plus rarement, l‘expérience est décrite comme désagréable.
Il est difficile habituellement d’évoquer cet indicible, les mots manquent, à moins que ce soit la crainte de ne pas être cru.
Modélisation
Quoi qu’il en soit, dans la description que chacun peut en faire, il convient de distinguer la description plutôt factuelle de ce qui a été vécu (« J’ai vu une lumière éblouissante … »), des éléments inévitablement interprétatifs qui s’y ajoutent (« … c’était les premières lueurs du ciel »). L’expérience n’est pas transmissible sans interprétation, elle est influencée par le milieu culturel tant il est impossible de s’exprimer sans les symboles et représentations de son milieu.
Les récits d’EMI évoquent des éléments relativement constants d’où la possibilité de brosser un portrait-type de l’expérience de mort imminente même si l’ensemble des éléments du portait ne sont pas toujours présents. C’est ce que fît Raymond Moody en 1975 :
« Voici donc un homme qui meurt, et, tandis qu’il atteint le paroxysme de la détresse physique, il entend le médecin constater son décès. Il commence alors à percevoir un bruit désagréable, comme un fort timbre de sonnerie ou un bourdonnement, et dans le même temps il se sent emporté avec une grande rapidité à travers un obscur et long tunnel. Après quoi il se retrouve soudain hors de son corps physique, sans quitter toutefois son environnement immédiat ; il aperçoit son propre corps à distance, comme en spectateur. Il observe de ce point de vue privilégié les tentatives de réanimation dont son corps fait l’objet (...) Bientôt, d’autres événements se produisent : d’autres êtres s’avancent à sa rencontre, paraissant vouloir lui venir en aide ; il entrevoit les esprits de parents et d’amis décédés avant lui (...) Mais il constate alors qu’il lui faut revenir en arrière, que le temps de mourir n’est pas encore venu pour lui. À cet instant, il résiste, car il est désormais subjugué par le flux des événements de l’après vie et ne souhaite pas ce retour (...) Par la suite, lorsqu’il tente d’expliquer à son entourage ce qu’il a éprouvé entre-temps, il se heurte à différents obstacles. En premier lieu, il ne parvient pas à trouver des paroles humaines capables de décrire de façon adéquate cet épisode supraterrestre (...) Pourtant cette expérience marque profondément sa vie et bouleverse notamment toutes les idées qu’il s’était faites jusque-là à propos de la mort et de ses rapports avec la vie. »
Raymond Moody, La vie après la vie, 1977, trad., Editions Robert Laffont, pp. 35 à 37.
L’inconvénient de cette description est quelle forge un imaginaire commun qui a conditionné les témoignages ultérieurs.
Face à cette description-type, chacun est placé au carrefour des interprétations : certains y voient une réalité objective, extérieure à la personne dont l’âme quitterait réellement le corps ; d’autres l’interprètent comme un phénomène subjectif, intérieur à la personne, un ressenti ou une vision intérieure résultant d’un processus intra-cérébral. Il n’en reste pas moins qu’à ce stade non encore fondé en réflexion ces interprétations ne sont que de l’ordre de la croyance.
Questions que posent l’EMI
Les questions que posent l’EMI sont au croisement de la science et du religieux.
Les EMI existent et des personnes en ont vécues réellement. Beaucoup d’entre-elles, spontanément, interprètent spirituellement ou religieusement leur EMI.
- Dès lors l’EMI apporte-t-elle la preuve d’une vie après la mort, de l’existence d’un Au-delà ?
- La question pour le scientifique est celle de l’objectivité ou non de l’expérience.
Est-il possible d’y apporter quelque éclairage ?